Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vernants détenant le pouvoir.

Avec un pareil mépris du droit, sur quelle base une société peut-elle vivre ? C’est un retour aux âges de barbarie où n’existait que le droit du plus fort.

Quelques députés de la gauche (très peu hélas !) commencent à reconnaître combien sont odieuses ces persécutions religieuses qui nous ramènent en plein Moyen-Age. Voici comment s’exprimait devant la Chambre l’un d’eux, monsieur Labori :

Une bonne part de la besogne effective depuis 20 ans se ramène à une guerre religieuse, déclarée ou sourde, selon l’heure. L’anticléricalisme, tel qu’il est compris, n’est plus la dépense du pouvoir contre les empiètements du cléricalisme. Sous prétexte de tolérance ou de liberté de conscience, sous le couvert de ces mots magnifiques, dont rarement il a été fait plus grand abus, il s’agit de brimer qui garde une foi ou une conception philosophique qu’on ne partage point. Je me suis élevé et je m’élève encore contre l’hypocrisie de ceux qui veulent détruire les religions, alors qu’eux-mêmes ou leurs proches observent, dans les circonstances solennelles, les rites de la leur. Il n’appartient pas à l’État de tenter de faire l’unité morale de la nation dans un athéisme officiel que même les hommes au pouvoir ne respectent pas quand il s’agit d’eux.

La France a souffert assez jadis quand Louis XIV voulut faire cette unité morale dans la foi catholique, pour que l’État républicain n’essaie pas aujourd’hui un effort analogue, au nom de je ne sais quel dogme matérialiste, de tous le moins satisfaisant, selon moi, pour la raison.


Les générations de l’avenir jugeront sûrement les persécutions religieuses d’aujourd’hui, le dépouillement du clergé et des ordres monastiques comme nous jugeons l’Inquisition et la Révocation de l’Édit de Nantes. Nos gouvernants ont invoqué d’ailleurs exactement les mêmes raisons que Louis XIV : obtenir l’unité morale et politique du pays. Les conséquences de leur œuvre seront aussi néfastes que celle des édits du grand roi.


Un seul motif d’apparence scientifique pouvait être invoqué, non pas pour justifier d’injustifiables expropriations, mais pour expliquer l’expulsion des congrégations. Ces dernières enseignaient des théories religieuses erron-