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Psychologie et Danse
(Considérations sur la danse classique).
I

Le terme classique, appliqué à la musique, à la danse, aussi bien qu’à la philosophie, aussi bien qu’à la poésie, n’a pour la plupart de ceux qui l’emploient qu’une signification historique et locale : est classique l’art, la pensée de telle nation, à telle époque déterminée : la philosophie et la sculpture des Grecs, la peinture de la Renaissance italienne, la littérature française au XVIIe siècle, le ballet de la seconde moitié du XVIIIe siècle à la fin du XIXe, en France, en Italie, puis en Russie. Il semble qu’à ces époques en ces pays l’art ait atteint un certain état de perfection, d’équilibre, auquel les générations qui suivirent ne purent rien ajouter, mais qu’elles détruisirent plutôt par leurs analyses, leurs recherches successives. Il y aurait donc un type historiquement bien défini de pensée et de beauté classique — picturale, musicale, chorégraphique, celui-là même qui fut fixé par certains peuples à certaines époques de leur histoire et qui doit ainsi porter évidemment la marque de ses créateurs. La sculpture classique par excellence serait celle de Phidias, de Praxitèle, de Scopas et de leurs élèves ; la musique classique en soi — c’est Mozart, Haydn, le jeune Beethoven ; la danse classique type est celle qu’ont créée les maîtres de ballets et danseurs français du XVIIIe siècle et leurs successeurs.

L’art classique n’aurait donc qu’un temps ; il serait limité à un point