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était alors en proie aux ravages du fléau asiatique. Audubon y séjourna quelque temps et y reçut l’hospitalité affectueuse et l’appui des Appleton, des Everett, des Quincy, des Parkman et autres célébrités de cette Athêne du Nouveau-Monde. De là, il passa au Maine, au Nouveau-Brunswick et à la Baie de Fundy, puis il fit voile pour le golfe du St. Laurent, les Isles de la Magdeleine et la côte du Labrador ; il étudia attentivement l’histoire naturelle de ces endroits et se hâta de rejoindre sa famille à Charleston, dans le sud des États-Unis. Le second volume de ses Oiseaux de l’Amérique fut terminé en 1834, le reste de l’ouvrage ne fut complété qu’en 1844 ; il se composait de mille soixante et cinq dessins, embrassant toutes les espèces depuis l’Aigle de Washington, jusqu’à l’oiseau-mouche inclusivement, ainsi qu’une multitude de paysages, de vues marines et autres objets qu’il avait remarqués dans le cours de ses voyages. Le grand naturaliste se félicita d’avoir terminé ce travail gigantesque, qui lui avait coûté un quart de siècle d’étude, de labeurs et de périls, tantôt errant seul au milieu des vastes prairies de l’Ouest, tantôt au sein des glaces et des forêts solennelles du Nord, explorant aujourd’hui les plages sans bornes de l’océan ; demain arrachant aux fleuves, aux bois, aux lacs du nouveau monde, des secrets inconnus depuis le commencement du monde, au reste des humains, si ce n’est à l’Aborigène, roi solitaire de ces superbes et mélancoliques solitudes. Ce fut en 1842 que ce grand peintre de la nature visita le Canada ; il séjourna à Québec plusieurs semaines, y ayant choisi pour sa résidence, la demeure de feu M. Martin, rue St. Pierre, Basse-ville, un de ses plus chauds admirateurs, auquel il légua par reconnaissance à son départ un exemplaire de son superbe ouvrage valant $1,000. Les sympathies de nos hommes publics d’alors ne firent pas défaut à l’illustre voyageur. Chacun de le fêter de son mieux ; de son côté, il acceptait sans se faire prier petits soupers,