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des États-Unis. C’est avec peine que les habitants de la côte réussissent à en faire pour leur usage une petite provision de trois ou quatre barils par famille. Grâces aux règlements que vient de faire la Législature provinciale, il est à espérer que les autorités réussiront à arrêter les déprédations, et à empêcher la destruction du Gibier qui en résulte… Entre Blanc Sablon et Brador est l’Île aux Perroquets, qui a reçu son nom d’une espèce de Canard à tête de perroquet. L’île est couverte de ces oiseaux ; et à chaque instant on voit quelque volier s’éloignant vers la mer, ou revenant vers l’île. C’est un temps de travail pour eux ; car les petits sont maintenant nombreux, et pour les nourrir il faut que les pères et mères fassent la pêche au Lançon. Le Lançon est un très petit poisson, dont les oiseaux et la morue sont friands. Comme il est maintenant abondant dans la Baie, les Perroquets vivent en épicuriens. Ceux d’entre eux qui n’ont pas de famille à nourrir sont en plein carnaval ; car ils n’ont qu’à flâner et à manger ; et quelques-uns sont si gras, qu’ils ont peine à se lever lorsqu’ils sont poursuivis par le chasseur. »

Nous ne pouvons résister à la tentation d’emprunter au savant abbé la description « des espiègleries » (comme il les appelle), des ours blancs du Labrador, quelque étranger que cela puisse être à notre sujet. « Il y a quelques années, trois jeunes gens passant ensemble l’hiver, avaient laissé la cabane pour visiter les piéges tendus dans la forêt. En entrant au logis, ils furent étonnés de trouver la porte arrachée et jetée sur la neige. Ils crurent d’abord que quelque farceur de voisin était venu leur jouer un tour pendant leur absence. Dans la cabane tout avait été bouleversé : le poële et le tuyau étaient renversés ; l’armoire avait été vidée ; la provision de lard avait été gaspillée ; le sac de farine n’y était plus et avec lui avaient disparu une tasse de fer-blanc, une paire de bottes et un paletot. Ce n’était plus un badinage ordinaire : il y avait