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riche en incidents, le plus commode à observer, le plus facile, sinon le plus noble, était le vol de la Corneille : on se servait, comme pour le Milan, d’un Duc, afin de l’attirer, puis on lançait sur elle deux Faucons. L’oiseau poursuivi s’élevait d’abord au plus haut des airs, les Faucons parvenaient bientôt à prendre le dessus ; alors la Corneille, désespérant de leur échapper par le vol, descendait avec une vitesse incroyable, et se jetait entre les branches d’un arbre : les Faucons ne l’y suivaient pas et se contentaient de planer au-dessus. Mais les fauconniers venaient sous l’arbre où s’était réfugiée la Corneille, et, par leurs cris, la forçaient de déserter son asile. Elle tentait encore toutes les ressources de la vitesse et de la ruse, mais le plus souvent elle demeurait au pouvoir de ses ennemis.

« Le vol de la Pie est aussi vif que celui de la Corneille, mais le Faucon n’attaque pas en partant du poing ; ordinairement on le jette à mont parce qu’on attaque la Pie lorsqu’elle est dans un arbre. Souvent elle est prise au moment du passage ; mais quand le Faucon l’a manquée, on a beaucoup de peine à la faire partir de l’arbre qui lui a servi de refuge : sa frayeur est telle, qu’elle se laisse prendre par le chasseur, plutôt que de s’exposer à la terrible descente du Faucon.

« Lorsqu’il s’agit de la chasse de la Perdrix ou du Canard sauvage, on emploie la même manœuvre. On lance le Faucon dans les airs avant que le gibier soit levé ; et lorsque le Rapace plane, le fauconnier, aidé d’un chien, fait partir la Perdrix, sur laquelle l’oiseau descend. Pour le Canard, on lance dans les airs jusqu’à trois Faucons, puis on fait lever le Canard : la terreur que lui inspirent les Faucons le fait gagner l’eau — alors des chiens se jettent à la nage pour lui faire reprendre son vol.

« Ce n’est pas seulement en Europe que l’on cultivait la fauconnerie ; elle florissait dans toute l’antiquité et florit encore aujourd’hui chez les peuples de l’Asie et de l’Afrique septentrionale. Les Per-