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manque, il va choisir un autre endroit, s’accroupit à une petite distance et se traîne sans bruit au bord, pour saisir une nouvelle proie, qu’il étreint de ses deux griffes, pour aller la déguster à loisir et en silence dans un bois voisin. Des trappeurs se plaignaient que leurs rats musqués étaient enlevés de leurs piéges : un d’eux appâta avec de la chair de ce rongeur, et chaque matin il fut récompensé par la capture d’un ou deux hiboux blancs, de sorte que dans peu de jours, il réussit à exterminer ces bandits. »

Le vol de ces oiseaux est ferme, continu, uniforme et parfaitement silencieux ; ils saisissent leurs victimes avec la rapidité d’un trait et s’arrêtent à terre pour les dépecer. Quand il s’agit de poursuivre un canard, une oie ou une tourte, le Rapace augmente sa vitesse d’une manière surprenante et frappe l’oiseau, à la manière de l’épervier. On le rencontre d’ordinaire dans le voisinage des rivières et des ruisseaux qui forment des chutes et des bassins, où le Harfang guette et saisit le poisson tel que nous venons de le dire. Dans les latitudes polaires, souvent le chasseur se voit ravir la perdrix qu’il vient de tuer, par ce hibou qui l’enlève à sa barbe. Sir John Richardson, dit l’avoir remarqué dans presque toutes les terres arctiques qu’il a visitées pendant l’été : l’hiver le Harfang émigre avec la perdrix blanche — sa nourriture ordinaire — à des localités un peu moins exposées. « Je l’ai remarqué, dit-il, généralement posé à terre et lorsque je le troublais, il prenait son vol, et allait s’abattre un peu plus loin toujours sur le qui vive. Je l’ai vu poursuivre au vol le lièvre[1] de l’Amérique, et fai-

  1. Un correspondant nous écrit de Rimouski. « Pouvez-vous me dire pourquoi un hibou en captivité ne boit pas ? J’ai gardé enfermé du mois de novembre au milieu du mois de mai, un magnifique hibou du Nord, blanc avec taches grises, dans une chambre bien froide. Ce hibou n’a pas bu une seule fois. Je lui donnai de la neige et même de l’eau mais il n’a touché ni à l’une ni à l’autre de ces