Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

essaim de veaux marins échoués et faisant miroiter aux rayons du soleil leurs flancs argentins ? Non. Qu’est-ce donc ? ce sont simplement des oiseaux, mais des oiseaux blancs comme la neige ; ce sont les Goëlands argentés déjeunant en famille. Quelques limaçons, quelques bivalves, quelques mollusques, voilà le matériel de leur frugal repas. Voyez les mâles faire la grosse gorge, se pavaner, coqueter avec leurs fiancées qui reçoivent ces agaceries avec un calme parfait… Bientôt le flot envahissant recouvre les sables ; la bande entière secoue les ailes, fait entendre des glapissements aigus et prend les airs. Ceci a lieu avant et quelquefois pendant la ponte.

Le Goëland est un oiseau méfiant : on ne l’approche qu’en usant de stratagème. Nous l’avons vu à Gaspé descendre comme un trait de la nue et avaler le perfide hameçon appâté de hareng que les pêcheurs laissent à dessein dériver au bout d’une filière derrière leurs embarcations. Des trente-huit espèces connues en Amérique, la plus répandue au Canada, est le Goëland argenté, appelé par les Anglais, Herring Gull à cause de sa voracité pour les harengs. Il hiverne dans la partie méridionale de la province : entr’autres endroits, autour de la Baie de Burlington.[1] Le Prince de Musignano et M. Buch ont fait une étude spéciale des habitudes des Goëlands ; leurs savantes recherches sont trop étendues pour trouver place en cet ouvrage. Le Goëland argenté vit d’œufs, de petits oiseaux et de petits quadrupèdes. Il enlève aussi dans les airs des bivalves qu’il laisse retomber sur les rochers pour en casser la coquille et en déguster le contenu. Audubon vit un Goëland avoir recours à cette ruse par trois reprises différentes et chaque fois en montant à une plus grande hauteur. À certaines périodes de la marée, ils gagnent le large en quête d’aliments, prenant avantage du flux pour partir, et du reflux pour revenir au rivage.

  1. McElraith.