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un cri qu’exprime le mot crex. Il devient fort gras en automne, et alors on le recherche pour l’exquise délicatesse de sa chair. Pendant la nuit aussi bien que pendant le jour, il cherche sa nourriture, consistant en graines aussi bien qu’en vers et en insectes. Il n’est pas aussi abondant en cette partie de la Province qu’en l’autre. M. McElraith l’a vu en nombreuses bandes dans les marécages aux environs de Hamilton. En quelques endroits on le nomme Roi des Cailles, parce qu’on le voit arriver et partir avec elles ; qu’il vit solitaire dans les mêmes lieux ; qu’il est un peu plus gros que ces oiseaux et qu’il a l’air de les conduire. La ponte est de quatre à cinq œufs d’un blanc sale maculés de noir ou de brun, déposés tout simplement sur la terre nue, dans les prairies. La femelle les couve avec tant de constance, qu’elle périt souvent par la faulx du moissonneur, plutôt que de les quitter ; les petits suivent leur mère, dès qu’ils ont rompu leur coquille ; ils sont noirs et ressemblent lorsqu’ils courent dans l’herbe, à des souris. Les grands joncs qui bordent la rivière Delaware, et les rivières du sud des États-Unis fourmillent de râles au commencement d’août. Nous les avons souvent remarqués dans les roseaux qui frangent les ruisseaux bourbeux sur le littoral du St.-Laurent en Canada.

Wilson décrit le mode de chasser ces oiseaux aux États-Unis : c’est au moyen d’une petite embarcation éclairée d’un flambeau et conduite dans les ténèbres de la nuit, parmi les joncs sur les bords des rivières. L’éclat du flambeau éblouit les pauvres oiseaux et les chasseurs les frappent à la tête avec un aviron ; de son temps (1809), cette chasse était extrêmement fructueuse. Audubon qui écrivait en 1844 dit que le nombre des Râles a bien diminué depuis l’époque dont parle Wilson, et l’on ne doit pas s’en étonner.

Les Râles de genêt possèdent au même degré que les bécassines et les bécasses, cette finesse d’odorat ou plutôt cet instinct merveilleux qui leur fait deviner l’approche du froid, à une journée de distance.