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sur le plumage de l’Oiseau ; le cou est orné des plus belles couleurs : le vert, le pourpre, l’écarlate y brillent avec des nuances mobiles magnifiques ; le bec est d’un blanc pur ; les deux rectrices intermédiaires sont noires et les autres blanches ; le bec et les ongles sont noirs ; l’iris, orangé.

Le Pigeon de passage, se nourrit des fruits de l’érable, de l’orme, du mûrier, du poirier sauvage, du sarrasin, du chêne, du hêtre, de froment et de riz. Il émigre du sud au nord, et de l’est à l’ouest, depuis le golfe du Mexique jusqu’à la Baie d’Hudson, et ces migrations sont réglées, non sur les vicissitudes des saisons, mais sur les moyens de subsistance que lui offrent les contrées où il voyage. On a tué à New-York des Pigeons de passage, et l’on a trouvé dans leur gésier du riz qui n’était pas encore altéré par la digestion. Or, ils n’avaient pu manger ce riz que dans la Caroline ; et comme les aliments les plus difficiles à digérer ne peuvent résister plus de douze heures à l’action du jus gastrique chez ces animaux, on a conclu qu’ils avaient en six heures parcouru quatre cents milles, c’est à-dire vingt-cinq lieues par heure, ou plus d’un mille par minute.

Leur vue n’est pas moins puissante que leur vol ; ils découvrent, du haut des airs, les fruits et les graines qui peuvent les alimenter ; et si, par accident, les arbres qui les nourrissaient l’année précédente n’ont pas fructifié, on les voit passer outre, et poursuivre leur course vers des contrées plus fertiles.

Mais ce qu’il y a de plus surprenant dans l’histoire des Pigeons de passage, c’est le nombre des individus qui composent leurs légions voyageuses. Ceci se voit encore chaque année dans certaines localités du Haut-Canada, tel que le district de Niagara.

Audubon, parcourant le Kentucky dans l’automne de 1813, en vit passer au-dessus de sa tête cent soixante-trois bandes en vingt minutes ; à la fin, dit-il, les bandes se touchèrent, et un immense nuage de Pigeons lui déroba la lumière du soleil ; pendant