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Chateaubriand, dans un accès de mélancolie, prédisant la mort des langues modernes, assigne au corbeau le rôle de hérault suprême.

« Les peuplades de l’Orénoque, dit-il, n’existent plus : il n’est resté de leurs dialectes qu’une douzaine de mots prononcés dans la cime des arbres par des perroquets redevenus libres : la grive d’Agrippine gazouillait des mots grecs sur les balustrades des palais latins.

« Tel sera tôt ou tard le sort de nos jargons modernes ; quelque sansonnet de New Place, sifflera sur un pommier des vers de Shakespeare inintelligibles au passant ; quelque Corbeau envolé de la cage du dernier curé franco-gaulois, du haut de la tour en ruines d’une cathédrale abandonnée, dira à des peuples étrangers, nos successeurs : “Agréez les accents d’une voix qui vous fut connue ; vous mettrez fin à tous ces discours.” »



LE GEAI DU CANADA. — LE GEAI GRIS.[1]
(Moose Bird — Canada Jay.)


« Si j’adoptais, dit Wilson, une des théories favorites de Buffon, je dirais : Voilà une espèce des Geais des États-Unis, dégénérée sous l’influence de la température glaciale du Canada ; » ou bien encore : « la dégénération du Geai d’Amérique, date depuis sa migration des rives fortunées de l’Europe, il y a quelque mille ans » ; mais laissons au Comte ses absurdes théories et passons aux faits.

Cet oiseau est connu dans les campagnes, sous le nom de Pie. Ce n’est point une Pie ; nous avons entendu des anciens parler d’irruptions de Pies en Canada, et pourtant la Pie n’habite que l’ouest et le sud-ouest de l’Amérique ;[2] de rares accidentels tout au plus peuvent s’être arrêtés au milieu de nous.

  1. No. 443. — Perisoreus canadensis. — Baird.
    Garrulus canadensis.Audubon.
  2. La Pie commune habite l’intérieur du Texas, l’ouest de la Louisiane, l’Arkansas, le Missouri, les Montagnes Rocheuses, la Saskatchewan. (Audubon.)