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plaire que près de la demeure de l’homme ; il suffit de lui procurer les commodités qu’exige la position de son nid, pour être sûr de l’attirer dans un jardin, et qu’il y viendra nicher tous les ans, si l’on ne détruit pas sa couvée. Il mérite la protection que les Américains lui accordent, car il n’est aucunement nuisible, puisqu’il ne vit que de larves, de crysalides, de petits insectes et que c’est le seul oiseau chanteur qui se fixe dans les villes. Son ramage est aussi fort, aussi sonore que celui de notre Pinson, Fringilla cœlebs, mais plus moelleux, plus étendu et plus varié. L’Américain qui n’a pas cet oiseau près de sa demeure et qui désire l’y fixer lui construit au printemps une petite maisonnette ; d’autres pour le même motif attachent une calebasse contre leur maison ou au bout d’une perche qu’ils placent au milieu de leur jardin. Ce réduit reste rarement vacant, car les jeunes couples étant forcés de chercher, à leur retour du sud, un canton qui les isole de leurs semblables, s’en emparent aussitôt. Tout ce qui est clos ou obscur leur convient. »

Trêve de textes.

Que conclure de toutes ces autorités ? Que notre Rossignol canadien n’est ni le Rossignol d’Europe, ni même le Troglodyte ædon que Vieillot décrit, espèce fort répandue aux États-Unis et au Haut-Canada, mais rare dans le Bas-Canada.

Le petit Ménestrel[1] qui en avril dans nos campagnes proclame si mélodieusement le retour du printemps et de la verdure, celui que nous appelons le Rossignol, appartient à la tribu des Pinsons. Quel est celui parmi nous qui, après un rude hiver, peut sans émotion entendre son doux ramage, cet accent de la patrie, qui même au vieillard, rappelle les heureux jours de sa jeunesse, le temps qui n’est plus, « l’âge des longs espoirs et des roses pensées, où tout fleurit et chante au dedans de nous. »

Audubon et Brewer semblent croire qu’il y a

  1. Ce Pinson s’est montré cette année vers le 1er avril. Le premier Merle, le 16 du même mois.