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qu’à affirmer que le chant nocturne est un privilége aristocratique, appartenant à certaines familles de Rossignols, mais non à toutes, et se transmettant par le sang. Le chant d’un Rossignol parfait renferme habituellement vingt-quatre strophes, sans compter les ornements et les fioritures dont l’artiste brode ses finales. On a calculé aussi que la portée de la voix du Rossignol égalait celle de la voix de l’homme et s’entendait de plus d’un kilomètre. »

Malgré le témoignage de Charlevoix, de Leclerc et autres, nous pouvons affirmer sur l’autorité de Vieillot, Audubon, Wilson, Baird, que le Canada ne peut réclamer l’Orphée du vieux monde :

Il y a dans Vieillot, un passage assez curieux et que nous croyons peu connu.

« On ne doit pas s’étonner, s’écrie-t-il, si les Européens qui habitent l’Amérique, ont donné le nom de Rossignol à la plupart des oiseaux de cette partie du monde, remarquables par un gosier éclatant, et particulièrement au Troglodyte ædon, puisque la plupart des personnes qui connaissent le ramage du Coryphée de nos bois, se font une idée fausse de sa taille et de son plumage. Les uns le supposent gros et grand d’après la force et l’étendue de sa voix ; d’autres croient qu’il est paré de brillantes couleurs, et beaucoup ne peuvent se persuader que ce soit un petit oiseau revêtu d’un vêtement très-modeste. Mais notre Rossignol se trouve-t-il réellement sur le nouveau continent ? On le croira, si l’on s’en rapporte à Lepage Dupratz[1] qui fait mention d’un Rossignol qu’on rencontre à la Louisiane ; à Charlevoix, qui désigne sous le même nom un oiseau du Canada, mais qui n’a que la moitié du chant du Rossignol d’Europe ; au père Leclerc, qui l’a vu dans la Gaspésie ; enfin à un médecin de Québec, qui a mandé à Salerne que notre Rossignol se trouvait au Canada comme en France, dans la saison.

« Ces historiens ou voyageurs n’auraient-ils pas

  1. Histoire de la Louisiane.