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che à croire que le Jaseur du Cèdre n’est pas une variété de celui d’Europe, mais le contraire est aujourd’hui généralement admis. Les Américains l’appellent Cedar or Cherry Bird, Oiseau du cèdre ou Mangeur de Cerises. Les Canadiens l’appellent Récollet, à cause de quelque similitude entre sa huppe et le capuchon d’un moine ; le nom d’Oiseau du Cèdre lui convient fort bien parce qu’il habite les cédriers, où il niche, ainsi que dans les arbres à bourdennes dont il mange avidement le fruit : poires sauvages, cerises à grappes, cerises de France, voilà ses mets favoris ; il consume avec avidité tous ces fruits, choisissant le plus mûr. Lorsque cette nourriture lui manque, il se contente de divers insectes, de mouches qu’il attrape sur les branches. C’est un vrai goinfre : il avale une quantité vraiment prodigieuse de comestibles chaque jour ; son appétit pantagruélique est l’effroi des horticulteurs, dont les plus beaux fruits disparaissent des arbres comme par enchantement. En vain, on lui tire des coups de fusil : il revient à l’arbre, au quarré de fraise, dès que le propriétaire a tourné l’angle du jardin.

« La société de leurs semblables semble être pour ces oiseaux une nécessité. En effet, les petits sont à peine sortis du nid que toutes les familles du même canton et des environs se réunissent et se forment en petites troupes qui ne cessent de voyager ou plutôt d’errer de jardin en jardin, pour y trouver une nourriture abondante et facile. Dans la Caroline du Sud, on ne les voit que l’hiver ; ils sont sédentaires dans le Sud des États-Unis ; à l’approche de la saison des œufs, les mâles deviennent extrêmement querelleurs et turbulents ; le calme se rétablit dès que l’éducation des jeunes a commencé. Deux pontes annuelles sont les fruits de leur union ; ils en font une au mois de juin et l’autre au mois d’août. Ces oiseaux se laissent approcher de très près et ne s’épouvantent point du bruit de l’arme à feu. Ceux que le plomb meurtrier n’a pas atteints au premier coup, se contentent de changer d’arbre,