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L’AIGLE DORÉ.[1]
(Golden Eagle.)


L’aigle brun qui, plus vieux, s’appelle l’aigle noir, se nomme l’aigle doré, quand son plumage est parfait ; sa queue, qui, dans le jeune âge, était blanche à sa moitié supérieure, est plus tard noirâtre et marquée de bandes irrégulières cendrées. Le bec est de couleur bleuâtre ; les narines sont ovales, les yeux sont grands et paraissent enfoncés dans une cavité profonde que domine le bord saillant de l’orbite. C’est surtout chez cet oiseau que l’on peut remarquer cette membrane à coulisse qui permet à l’animal de regarder fixement le soleil.

« On rencontre cet oiseau quelquefois en France ; il n’est sédentaire que dans les Alpes et les Pyrénées. Il se nourrit de gros oiseaux, de lièvres, de jeunes cerfs. Mais si ces animaux viennent à manquer, il se jette sur des natures plus faibles, et, si la proie vivante lui fait défaut, il ne dédaigne pas les chairs corrompues. L’aigle doré est très farouche, il vit avec sa compagne au milieu des rochers,[2] et chasse de son voisinage tout Rapace qui voudrait s’y établir. Il fond sur sa proie avec la rapidité d’un trait, et, après s’être abreuvé de son sang, l’emporte dans ses serres jusque dans sa retraite, où il la dépèce en lambeaux, qu’il présente palpitants à ses aiglons. Son aire est ordinairement construite sur la plateforme d’un rocher escarpé ; elle est formée de gros bâtons entre-croisés, et ses parois s’élèvent continuellement par l’accumulation des ossements que l’oiseau y abandonne. La femelle pond ordinairement deux œufs, d’un gris cendré, quelquefois tachetés de brun : elle les couve pendant trente jours ; alors le mâle chasse seul pour fournir aux besoins de la famille ; quand les petits sont éclos,

  1. No. 39. — Aquila Canadensis. — Baird.
    Aquila Chrysætos. — Audubon.
  2. On a remarqué beaucoup d’aigles sur les hautes chaînes de rochers qui entourent le lac Memphramagog, dans les Townships de l’Est.