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Longueur totale, 12  ; envergure, 20.

Le bleu de la femelle est plus pâle : la bande sur le haut de la poitrine est d’un gris-bleu sale mêlé de roux clair ; en dessous est une étroite bande blanche et sur le milieu de la poitrine un large ceinturon de jaune roussâtre ; les côtés sont de même couleur ; le reste des parties inférieures sont blanches, nuancées de rouge.


    constructeurs, avant de la lancer pour tout de bon, avaient soin de la mettre à l’eau une ou deux fois pour l’essayer et voir si elle n’embarquait pas la lame ; puis, quand elle était en état, et que le moment favorable était venu, ils la livraient sans crainte à la merci des flots et à la protection de Neptune. Une seule chose intrigue l’historien dans toute cette affaire, c’est de n’avoir jamais pu surprendre la manière dont la couveuse s’introduisait dans son domicile. C’est bien le cas de répéter avec le sage que l’homme n’est jamais content. Je n’aurais vu que la moitié des phénomènes dont Plutarque eut la chance d’être témoin oculaire, que je m’estimerais suffisamment heureux. Il est difficile aujourd’hui de vérifier si Plutarque et les autres ont dit toute la vérité et rien que la vérité en tout ceci, puisque, depuis un temps immémorial, les Martin-pêcheurs ont renoncé à l’habitude de nicher sur les flots de la mer pour adopter le système de la nidification à huis-clos dans le sein de la terre ; mais j’avoue néanmoins que cette histoire des faits et gestes de l’Alcyon racontée si naïvement par Plutarque n’a pas peu contribué à invalider pour moi le témoignage de l’illustre écrivain relativement à la continence de Scipion. Du reste, il nous faut reconnaître, à la justification de Plutarque, que beaucoup de naturalistes modernes et des plus éminents même ne paraissent guère mieux renseignés que lui sur la nidification du Martin-Pêcheur. C’est ainsi que François de Neufchâteau, personnage consulaire mort en 1828, en plein dix-neuvième siècle, affirme encore à son heure dernière que cette espèce fait son nid sur les saules, version qui n’est pas plus vraie que l’autre, et qui est moins amusante.
    « Ceux qui sont forts en mythologie savent pourquoi les Dieux avaient concédé à l’Alcyon le privilége de bâtir sur l’eau et le don de prévoir le beau temps. C’était pour le récompenser de sa vertu et d’avoir été parmi les hommes un modèle parfait de tendresse et de fidélité conjugale avant de subir sa métamorphose en oiseau. »