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mourir bientôt après. » Ce fait, qui malgré son invraisemblance n’est pas révoqué en doute par Cuvier, a trouvé dans Alexandre Wilson un éloquent contradicteur.

Le retour des Hirondelles a lieu, en Canada, vers les premiers jours de mai, le jour même, dit-on, où les Bécassines arrivent. Elles arrivent, non pas en bandes comme elles partent, mais isolément et par couple, et chaque jour on voit leur nombre augmenter. De nombreuses observations ont constaté que ces oiseaux reviennent constamment chaque année à leur nid, et que le mariage qu’ils y ont contracté est indissoluble. Frisch, le premier, ayant imaginé d’attacher aux pieds de quelques-uns de ces oiseaux un fil teint en détrempe, revit, l’année suivante, ces mêmes oiseaux avec leur fil, qui n’était point décoloré, preuve assez bonne, remarque Monbeillard, que du moins ces individus n’avaient point passé l’hiver sous l’eau, ni même dans un endroit humide, et présomption très forte qu’il en est ainsi de toute l’espèce. Spallanzani aussi a renouvelé l’expérience de Frisch, et il a vu pendant dix-huit années consécutives, six ou sept couples d’Hirondelles de fenêtres revenir à leur ancien nid, et y faire deux couvées annuelles sans presque s’occuper de le réparer. Il en est de même de l’Hirondelle de cheminée, seulement celle-ci bâtit chaque année un nouveau nid au-dessus de celui de l’année précédente. Écoutons sur leur constance conjugale, l’honnête philanthrope Dupont de Nemours :

« Les amours des Hirondelles sont des mariages indissolubles, non des fantaisies du moment, comme ceux de quelques oiseaux, ni même des liaisons d’un printemps comme celles de la plupart des autres. Et, quand un des deux époux meurt, il est rare que l’autre ne le suive pas en peu de jours. Le doux caquetage a cessé ; plus de chasse, plus de travail : un sombre repos, un morne silence sont les signes de la douleur à laquelle le survivant succombe. J’en avertis les jeunes gens qui s’amusent quelquefois à leur tirer des coups de fusil, parce