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décrivant mille contours avec une rapidité qui fatigue l’œil, puis ils s’élancent dans les airs pour aller se reposer un instant sur un rameau d’arbre où ils lisseront l’azur de leur plumage avec un orgueil manifeste. Ils s’élancent comme un trait pour baiser coquettement une petite fleur à demi épanouie. Souvent, deux oiseaux se rencontreront au haut des airs, dans un combat à outrance, les plumes hérissées, personnifications vivantes de la rage et de la jalousie. Souvent nous les avons vus attaquer courageusement de grands Taons noirs, attirés par le miel des fleurs. Nos petits guerriers se ruaient sur leurs dangereux ennemis avec la vitesse de l’éclair, se servant pour parer les coups de leur cotte de mailles brillante. Le combat continuait jusqu’à ce que le Taon se lassât ou bien jusqu’à ce que la fureur lui rendant le sentiment de ses forces, il s’élançât comme un lion et chassât du lieu l’incommode animal. »

Pendant l’incubation, leur férocité contre les perturbateurs de leur repas domestique est quelque chose d’extraordinaire. À l’approche de leur rival, la jalousie les transforme en furies ; leur gorge s’enfle, leur queue, leurs ailes, leur plumage entier se hérisse : ils se rencontrent dans les airs et le combat ne cesse que lorsqu’un des deux se laisse tomber à terre par épuisement. « J’ai vu un couple, dit M. W. Bullock, engagé dans un combat meurtrier pendant un orage de pluie dont chaque goutte aurait dû suffire pour abattre ces féroces combattants. Pendant leur sommeil, ils se suspendent par les pieds la tête en bas, comme certains perroquets. »

Ces oiseaux étaient en honneur parmi les anciens habitants du Mexique : c’était avec leurs brillantes dépouilles qu’on garnissait les cadres des tableaux qui firent l’admiration de Cortez ; leur nom en langue indienne signifie rayons de la lumière. Les femmes indiennes portent encore leurs plumes en guise de pendants d’oreilles.

Une des plus belles espèces est le Anna, appelé ainsi