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nord du Mexique, il est moins varié et sa livrée est moins éclatante. Certaines espèces ont un plumage tellement riche, qu’il est vrai de dire qu’ils réunissent à eux seuls toutes les teintes, toutes les couleurs des autres oiseaux, tandis que chez d’autres, le noir foncé prédomine, ou bien encore, le brun, le fauve, le vert. Même différence quant à la stature.

Voyons ce que dit Buffon : « De tous les êtres animés, voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs. Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature ; elle l’a placé dans l’ordre des oiseaux, au dernier degré de l’échelle de grandeur : maxime miranda in minimis. Son chef-d’œuvre est le petit Oiseau-Mouche ; elle l’a comblé de tous les dons qu’elle n’a fait que partager aux autres oiseaux : légèreté, rapidité, prestesse, grâce, riche parure, tout appartient à ce petit favori. L’émeraude, le rubis, la topaze, brillent sur ses habits ; il ne les souille jamais de la poussière de la terre, et, dans sa vie toute aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instants ; il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur comme il a leur éclat ; il vit de leur nectar et n’habite que les climats où sans cesse elles se renouvellent. C’est dans les contrées les plus chaudes du nouveau monde que se trouvent toutes les espèces d’Oiseaux-Mouches. Elles sont assez nombreuses et paraissent confinées entre les deux tropiques ; car celles qui s’avancent en été dans les régions tempérées n’y font qu’un court séjour : elles semblent suivre le soleil, s’avancer, se retirer avec lui, et voler sur l’aile des zéphirs à la suite d’un printemps éternel… Leur bec est une aiguille fine, et leur langue est un fil délié ; leurs petits yeux noirs ne paraissent que deux points brillants. Leur vol est continu, bourdonnant et rapide ; le battement des ailes est si vif que l’oiseau, s’arrêtant dans les airs, paraît non-seulement immobile, mais tout-à-fait sans action. On le voit s’arrêter ainsi quelques instants devant une fleur, et partir comme un trait pour aller à une