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tonkourou


À ces mots du sauvage il s’élève un long cri
Et les jeux de plusieurs se remplissent de larmes.
Lozet dit aux marins :
— Puisse avoir quelques charmes
L’humble hospitalité que je vous offre ici !

Le plus jeune — Léon — répond alors :
— Merci !
Celui qui fait l’aumône est doué de sagesse ;
Le ciel à son égard usera de largesse.

Puis, il sentit mourir, sur le seuil étranger,
La vigueur qui l’avait tenu dans le danger.
À l’abri des vents froids, éloigné des flots sombres,
Il vit devant ses yeux passer les tristes ombres
Des matelots restés sous les glaçons épais,
Et se mit à pleurer.

— Qu’ils reposent en paix !
Le ciel m’en est témoin, oui, j’en fais la promesse,
Je leur ferai chanter, cet hiver, une messe,
Dit la mère Lozet, en cherchant vitement,
Pour les deux naufragés, un nouveau vêtement.
— Il ne faut pas, non plus, oublier, capitaine,
Ceux qui nous ont sauvés d’une mort trop certaine,
Observa le pilote.