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tonkourou

Et la vierge, surprise, hésitait. Sur sa lèvre
Elle sentit courir comme un frisson de fièvre ;
Mais sa gaîté revint ; elle rit aux éclats.

Passant ses mains de bronze en ses longs cheveux plats,
L’amoureux indien sent un espoir suprême ;
Il se penche vers elle en murmurant :

— Je t’aime !

Et l’embrasse.

L’enfant répond par un soufflet
Et se sauve aussitôt. Un sinistre reflet
S’allume tout à coup dans l’œil noir du sauvage.
Il la regarde fuir sur le tuf du rivage,
Puis, ensuite, portant ses deux mains à son front,
Il pèse longuement ce douloureux affront.



Bien des jours sont finis et la haine commence.
Tonkourou se souvient. Sans pitié, sans clémence,
Pagayant, soucieux, sur l’eau noire des nuits,
Il cherche la maison de Lozet. Ses ennuis
Vont avoir à la fin une douce revanche.
C’est là, sous ce toit calme, en cette maison blanche,