Page:LeMay - Fables canadiennes, 1882.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
livre premier

— Je volerai pour vous, mon cher concitoyen ;
 La chose est bien facile.
 Tenez, soyez docile,
 Je vais vous montrer le moyen.

 L’aigle, à cette parole,
 Prend le reptile et vole
 Sur l’abîme profond.

— Vois donc, dit le serpent, toutes ces sottes bêtes
Qui, pour me regarder, lèvent au ciel leurs têtes :
 Mon audace les confond.

 — Pour être plus sincère
 Et ne point te fourber,
 Je crois, dit l’aigle ouvrant sa serre,
 Qu’elles te regardent tomber.


L’ignare ambitieux, qui se croit un grand sire
Et qui veut tout soumettre à son absurde empire,
 Finit assez souvent
 Comme ce vieux serpent.