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fables

 
 — Ma griffe est forte,
Répond le loup-cervier que le plaisir transporte,
Ma griffe est forte et je suis bien adroit ;
Je ne saurais laisser renard au cœur si droit
 Dans un danger si redoutable ;
 Il faut être plus charitable.
Je vais ouvrir le piège ; allons, pauvre captif,
 Ôtez-vous, soyez vif.

Le loup-cervier, alors, par un effort suprême,
 Ouvre le piège un peu ;
Il sauve le renard, mais il se prend lui-même.

— Adieu !
 Lui dit avec artifice
 Le renard en partant ;
 J’admire fort ton sacrifice
 Mais n’ose pas en faire autant.


Ne faites pas le bien pour de vils honoraires ;
Écoutez votre cœur, mais aussi la raison.
Si de flatteurs discours vous rendent téméraires
Vous ne serez payés que par la trahison.