Tant de bonnes paroles
Consolaient le pauvre animal
Mais ne guérissaient point son mal.
Pendant ce temps l’avoine, à pleines casseroles,
Les bottes de foin,
Les litières de paille
Étaient servis avec grand soin
Aux amis qui faisaient ripaille.
Le médecin était venu.
C’était un sage méconnu
Qui de son grand savoir ne faisait point parade.
— Je vois bien, lui dit le malade
Avec émoi,
Que c’est fini de moi :
Cependant je mourrais sans peine
S’il ne me fallait pas laisser autant d’amis.
— Consolez-vous, dit l’autre, et mourez bien soumis ;
Votre espérance est vaine
Si vous comptez sur leur appui.
Ils ont tout dévoré votre humble patrimoine,
Et si la mort, mon cher, ne vous prend aujourd’hui,
N’ayant plus de foin ni d’avoine,
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livre cinquième