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fables

 Quand, tout à coup, il vit
 Sur la neige se peindre
 Le vol rapide des pigeons.
 Aveuglé par la joie,
 Il quitte alors sa proie.

 — Quel dîner nous nous ménageons !
Se dit-il en lui-même en courant après l’ombre :
Ce vieux coq n’avait rien que la plume et la voix !
Parlez-moi des pigeons ! ça pèse et ça fait nombre.
Je n’en aurai jamais autant pris à la fois !…

Tout en monologuant il courait gueule ouverte,
 Tout alerte ;
 Or, il courut si follement
 Qu’il en mourut d’épuisement.


Nous faisons du renard la sottise suprême
Lorsque, les yeux fixés sur le monde trompeur,
 Nous prenons l’ombre du bonheur
 Pour le bonheur lui-même.