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livre quatrième

 
— Chacun son goût, dit-il, et chacun sa manière :
 Moi j’accepte le bien
 Qu’on me donne pour rien,
Et ce pâté, je crois, vaut que je m’arrête en route.
 Mais je serai bon rat
 Et pas du tout ingrat,
 Je mangerai la mie et laisserai la croûte.

 Puis tout en devisant
 De ce ton suffisant,
Il cherchait dans les coins un facile passage ;
 Mais il eut beau chercher
 Tout autour du plancher
Il n’aperçut nul trou dont il put faire usage.

 — Bah ! je vais en faire un :
 Si je travaille à jeun
Je mangerai, dit-il, joliment davantage ;
 Le pâté, tendre ou dur,
 Y passera bien sûr,
Et personne avec moi ne fera de partage.

 Il se mit à ronger
 Sans nullement songer
Qu’un chat couché là-haut pouvait fort bien l’entendre.