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fables

 
Un dormeur le comprit, un peu trop tard sans doute :
Il se trouva soudain au terme de sa route
 Croyant n’être encor qu’au milieu.
 Il avait de l’aisance,
 Grâce à ses bons aïeux
Qui ne dormirent guère et travaillèrent vieux.
Il ne lisait jamais, même par complaisance
 Pour sa curiosité.
 Il prit de l’obésité
 Et c’est tout ce qu’il voulait prendre.
 Il se mettait au lit, le soir,
À l’heure où les poulets montent sur le juchoir,
 Mais il ne pouvait pas comprendre
 Qu’on doit se lever le matin.
Peur de se voir confondre il fuyait les disputes.
Il ne voyageait pas. Le tour de son jardin
 En quatre vingts minutes,
C’était un bel exploit et le plus prompt des tours,
 Sur la terre ou sur l’onde,
 Après le tour du monde
 En quatre vingts jours.

Il vieillit de la sorte, ignorant bien des choses
 Que les hommes doivent savoir.
Sa taille s’affaissa, son teint perdit ses roses ;