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livre quatrième

 Pour les oiseaux et pour les hommes,
 Dans ce monde où nous sommes,
 Qu’un amour tendre partagé
Près d’un berceau qui chante ou d’un nid ombragé ?

 Ils virent des forêts superbes,
 Ils virent des cieux éclatants,
 Des lieux qu’un éternel printemps
Voile de vives fleurs et d’odorantes herbes ;
 Ils entendirent de doux chants ;
 Ils entendirent, dans les champs,
Passer, comme un soupir, la brise parfumée ;
 Ils entendirent, dans les bois,
De l’aurore et du soir les ineffables voix
Moduler doucement — prière accoutumée —
 Des hymnes saints pour le Seigneur ;
Puis ils volaient toujours. Et dans leurs folles courses
 Toujours ils s’éloignaient des sources
 Du vrai bonheur.

Mais un jour cependant ils plièrent leur aile
 Et se construisirent un nid.
 Le même soir qu’on le finit
Un oiseau carnassier qui cherchait la querelle
 Vint en prendre possession.