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livre quatrième

Qui bêchait ses carrés en rêvant de musique.
Le jardinier le voit et devient héroïque,
Tout comme le poète au fabliau dernier.
Il prend son instrument et le porte à sa bouche.
En entendant tomber des cascades d’accords
 Le reptile farouche
S’arrête et ferme l’œil. Le joueur dit alors :

 — Rien ne m’empêche,
 Dieu merci !
 De reprendre ma bêche
 Et de travailler sans souci.

 Et de fait il reprit l’ouvrage,
 Mais avec bien plus de courage
 Que de prudence, assurément,
Car il fut aussitôt mordu sévèrement.


 Fuyez le méchant : sa présence
 Est toujours un danger.
Lorsque votre vertu le condamne au silence
Il ne sommeille pas, il songe à se venger.