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fables

 
 Selon son ordinaire,
 Pour vanner le grain,
 Le vanneur s’avance dans l’aire
 Le front serein ;
 Il met dans le van et le crible
 Ivraie et luzerne et blé mûr,
 Agite tout de son bras sûr,
 Rejette la graine nuisible,
 Verse le blé dans le boisseau,
 Et puis commence de nouveau.
Alors il est témoin d’une drôle de chose :
 Le blé qu’il veut nettoyer ose
 Contre lui s’emporter
 Et dans ces termes l’insulter :

 — Fais cesser mon supplice,
 Misérable tyran !
 N’agite plus ce van
 Qui devient ton complice.

— Grand Dieu ! dit le vanneur, ai-je bien entendu ?
 Mais vois donc quelle est ta démence :
 Avec la mauvaise semence,
Si tu n’es pas vanné, tu seras confondu.