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livre troisième

 
Peut-être comptait-il un peu sur son appui.
Il fut bien mal venu :

 — Bois d’une vile race,
 Lui cria le chêne offensé,
 Comment as-tu jamais pensé
 À venir dans mon voisinage ?
 Ne vois-tu pas, mon pauvre ami,
 Que ta place est parmi
 Les vilains arbres de ton âge ?

 — Vous êtes grand, dit le pommier,
 Je le reconnais le premier,
 Et sous votre rugueuse écorce
 Vous avez plus de sève et plus de force
 Que tous les frêles arbrisseaux ;
 Vous ne produisez, tout de même,
 Qu’un fruit d’une amertume extrême
 Que l’on jette aux pourceaux.


Comme le chêne acerbe
 Sur ses rameaux fiers
 Toute âme superbe
 N’a que des fruits amers.