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livre troisième

Jalouse de voir le bon grain
S’emparer du meilleur terrain,
 Quand au bord de la haie
On la reléguait sans merci ;
L’ivraie alors voulut aussi
 Dans le sillon fertile
Avoir place comme le blé.
 Sa parole est subtile :
Elle prit un air accablé,
 Un regard fort modeste,
Et dit aux épis ses voisins,
 Avec un noble geste :
— Vous me traitez bien mal, cousins,
Et vous m’en voyez désolée :
Je ne veux plus vivre isolée.
 À partir d’aujourd’hui,
 Pour chasser mon ennui,
Nous filerons la vie ensemble,
 Qu’en dites-vous ?

— Vraiment, ma petite, il nous semble
 Que pour nous tous
L’existence serait plus gaie
Si nous nous voyions un peu plus,
Dirent quelques épis émus.