Prit la fuite.
Il ne se montra plus qu’aux jours froids de l’hiver,
Car, l’hiver arrivé, sa robe devint blanche.
Et puis il aimait moins le bourgeon de la branche
Et le trouvait parfois amer.
Les œufs étaient si bons ! L’eau venait à la bouche
Rien que d’y penser.
Et le rat, loin d’être farouche,
Semblait aimer un peu qu’on l’aide à dépenser.
— Pourquoi ne tenter pas cette bonne aventure,
Se dit-il, encore une fois ?
Monsieur le rat est trop courtois
Pour oser soupçonner dans ma blanche fourrure
Le lièvre gris qui l’a triché.
Mettons sa finesse à l’épreuve ;
Quand on a fait peau neuve
On peut impunément refaire vieux péché.
II part donc, sautant sur la neige,
Et chez le rat s’en vient frapper.
Celui-ci lui présente un siège
Mais ne parle point de souper.
La faim inspire de l’audace
À l’animal le plus prudent.
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