Page:LeMay - Fables canadiennes, 1882.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
fables

 Ils marchaient lentement,
Car les pieds du castor n’ont pas grande vitesse.
 Après de longs circuits,
Ils trouvèrent un hêtre assez chargé de fruits.
 Le loup cervier, avec prestesse,
Grimpa sur les rameaux et se mit à manger
 Sans songer
 À son camarade.

— Vous ne m’en donnez pas ? demanda celui-ci.

— Ta santé délicate est mon plus grand souci,
Et je crains que ce fruit ne te rende malade…
 Il ne faudrait qu’un accident,
 Répondit le lynx impudent.

— C’est vrai, fit le castor, j’en souffrirais peut-être ; —
Il cachait son dépit sous des dehors sereins —
Je vais gruger l’écorce.

 Or, il coupa le hêtre.

Le loup-cervier tomba puis se brisa les reins.