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livre deuxième

La pauvrette écouta la corneille orgueilleuse
 Et se laissa persuader.
Au milieu d’un jardin, en lissant leur plumage,
On les vit, peu d’instants après, se hasarder.

 — Fais maintenant ton doux ramage,
 Dit la corneille, et cache-toi
 Pour qu’on ne puisse pas te prendre,
 Seule je vais m’exposer, moi,
Et je t’avertirai si l’on veut nous surprendre.

 La grive obéit sur le champ,
 Et son doux chant
Attira sur les lieux une foule nombreuse.
 La peureuse
S’était fort bien cachée ; on ne la voyait pas.
On voyait seulement la corneille méchante
 Qui simulait, sans embarras,
 Les gestes d’un oiseau qui chante
 Et se gaudit.
 Ce fut elle qu’on applaudit.