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fables

 
Peut-être qu’après tout elle se croit de force
À lutter quelquefois de finesse avec lui ;
 L’orgueil est une amorce,
 Même pour l’oiseau d’aujourd’hui.

 Quoi qu’il en soit, une corneille
 Qui n’avait pas mauvaise oreille
 Et ne manquait pas de bon sens,
 Honteuse de ses laids accents,
 Eut une idée originale.

 Or, la voilà qui prend son vol,
 Et, rasant le sol
 D’une aile matinale,
 Elle se rend à la forêt,
 S’enfonce loin et puis arrive
Sur un érable vert où nichait une grive.

 — Il y va de ton intérêt,
 Dit-elle à l’oiseau solitaire,
Quitte ce désert sombre. Il vaut autant se taire
Que de chanter ainsi quand personne n’entend.
Viens, je connais des lieux où l’on sera content
D’applaudir, mon amie, à ta voix merveilleuse.