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fables

 
 Que le ciel fait éclore
 Au couchant, à l’aurore,
 Chaque jour sous nos yeux ;
 Un laboureur achevait ses semailles,
Quand il vit arriver au milieu de ses champs
Un soi-disant athée, un de ces sots tranchants
Qui veulent enlacer les autres dans leurs mailles.
L’angelus du midi, dans le même moment,
 Sonnait à l’église voisine ;
Le semeur se signa, puis, fort dévotement,
Se mit à réciter la prière divine.

 — Pourquoi ce signe de la croix ?
Fit le libre penseur en éclatant de rire :
 Est-ce que vraiment tu crois
 À ce que tu viens de dire ?

— Et pourquoi, mon ami, n’y croirais-je donc pas ?
Répondit aussitôt le laboureur modeste.

 — Parce que Dieu, comme le reste,
 Nous embarrasse à chaque pas.