Page:LeMay - Fables canadiennes, 1882.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
livre premier

 
 Rien ne fait naître l’amitié
 Comme la solitude :
 On lui montra de la pitié
 Puis, avec promptitude,
 Sans attendre le lendemain,
On entra tour à tour au désert sans chemin.

 Or, le deuxième
 Riait jusqu’à se sentir mal
En regardant le dos du premier animal.
 Le troisième riait de même
 Des deux premiers qu’il trouvait peu mignons.
Et les autres, ma foi ! qui venaient à la suite
 Tenaient bien la même conduite
 À l’égard de leurs compagnons.
Mais le plus insolent c’était l’être aux deux bosses.

— J’aime mieux être seul et me perdre en héros
Que de marcher plus loin avec ces grands colosses
Qui menacent le ciel de leurs énormes dos,
 S’écria-t-il, branlant sa tête altière.

 Puis il s’éloigna, le hautain,
 Laissant la troupe entière
 Disparaître dans le lointain.