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livre deuxième


Le papillon partit, plus il revint encore,
 Et la fleur
Lui donnait chaque jour le parfum de son cœur
 Et la fraîche rosée
 Que l’aurore avait déposée
 Dans son calice vermeil ;
 Et lui, plein d’un amour pareil,
De son aile dorée à la fière corolle
 Faisait une vive auréole.

 Un jour il ne vint pas,
 Et la rose, alarmée,
 Ne pouvant voler sur ses pas,
 Pencha sa tête parfumée…
Longtemps elle attendit son amoureux divin,
 Longtemps ce fut en vain.
 Elle perdit son doux arôme
 Et jusques au loin, sur le chaume,
Ses pétales de feu s’en allèrent mourir.

À l’heure où les derniers allaient aussi périr,
Elle vit se traîner tout près, dans l’herbe tendre,
 Un insecte chétif.
Son aile dévastée essayait de se tendre
Et ne le pouvait plus. Il arriva plaintif