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fables

  
 Leur insupportable destin.
L’une trouvait pourtant des heures assez belles
 Pour compenser certain chagrin ;
 L’autre, tout au contraire,
 Ne voyait pas comment
 On pouvait décemment
 Un instant se complaire
 Dans un monde pareil.

— Oui, depuis que je vois la face du soleil,
 Disait-elle d’une voix sourde,
 Je traîne, hélas ! tu le sais bien,
 Une chaîne affreusement lourde !

L’autre ajoutait : — C’est vrai ; mais moi n’ai-je donc rien ?
Les veilles, le travail, et puis la maladie ?
Cependant, malgré tout, j’aime encore la vie.

— Je la déteste, moi ! j’en ai bien trop goûté !
 La belle chose, en vérité,
 Qu’une longue existence
 À faire pénitence
Pour ceux qui près de vous nagent dans les plaisirs !
 L’objet de mes désirs,
 C’est la mort ; qu’elle vienne !