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école occupera la totalité des bâtiments du musée ; et qu’il sera construit sur la place du jardin un édifice destiné à cette école. — Le 3 mai 1820, le ministre de l’intérieur vint poser en grande pompe la première pierre de ce bâtiment, qui fut construit sur les dessins de M. Debret, architecte.

La disposition de cet édifice fut établie sur un plan beaucoup plus restreint que celui d’après lequel il a été continué depuis sous l’habile et savante direction de M. Duban : — L’École des Beaux-Arts occupe tout l’emplacement de l’ancien couvent des Petits-Augustins. Elle contient une superficie de 14 300 m. Quelques parties de l’ancienne communauté religieuse ont été conservées, notamment l’église, au fond de laquelle on a placé la copie faite par Sigalon, du jugement dernier de Michel-Ange. — La première cour a 35 m. de largeur et 50 m. de profondeur. — Elle est séparée de la seconde ou plutôt de l’enceinte, contenant l’édifice principal, par la façade de l’ancien château de Gaillon.

Cet édifice est rectangulaire. Il a 73 m. de face et 47 de profondeur. Il se compose de quatre corps de bâtiments contigus renfermant une cour pavée en marbre de 42 m. sur 19 m. — Le bâtiment du devant contient un grand vestibule auquel sont adossés les deux principaux escaliers ayant, chacun, deux rampes directes arrivant aux galeries donnant entrée aux pièces du premier étage. — Les bâtiments latéraux contiennent des salles d’exposition, et celui du fond un vaste amphithéâtre précédé de deux grandes pièces. — À gauche de cet édifice est un bâtiment élevé de plusieurs étages, affecté spécialement aux élèves et contenant les loges des peintres, des sculpteurs et des architectes. Ce bâtiment, derrière lequel sont quelques cours de service, a 60 m. de longueur de face et 8 de profondeur.


Arts (passages des Beaux-).

Commence à la rue de Seine, nos 12 et 14 ; finit à la rue des Petits-Augustins, nos 13 et 15. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 14. Sa longueur est de 138 m. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

En 1825, M. Detroyes, propriétaire de l’ancien hôtel de Larochefoucauld, conçut le projet d’ouvrir sur cet emplacement une rue de 10 m. de largeur. Ce propriétaire, sans une autorisation préalable de l’administration, exécuta immédiatement son projet, et la rue nouvelle reçut le nom de rue des Beaux-Arts, en raison de son débouché en face de l’entrée de l’École des Beaux-Arts. Mais l’autorité supérieure ne voulut point recevoir cette nouvelle communication au nombre des voies publiques de la ville de Paris, attendu que M. Detroyes ne consentait pas à se soumettre aux conditions imposées en pareil cas. En conséquence, une décision ministérielle, à la date de 1826, prescrivit la conversion de cette rue en un passage fermé par des grilles. — Cette prescription fut en partie éludée ; des clôtures en planches furent posées, mais presque aussitôt enlevées. — En 1832 intervint une nouvelle décision ministérielle qui a été exécutée en 1839. — Éclairage au gaz (compe Française).


Arts (pont des).

Situé entre les quais du Louvre et de Conti.

Ce pont, qui a droit de péage, a été construit en vertu d’une loi du 15 mars 1801, par une compagnie anonyme dont la concession ne doit expirer qu’au 30 juin 1897. — Commencé en 1802, il a été terminé en 1803, sous la direction de l’ingénieur Demoutier. Sa largeur est de 10 m. et sa longueur de 130 m. — Ce pont, qui ne sert qu’aux piétons, a neuf arches de fer fondu de 16 m. 80 c. d’ouverture. — Son nom lui vient du Louvre, qui portait le titre de Palais des Arts avant qu’on l’eût donné à l’édifice des Quatre-Nations.


Arts (rue des).

Située dans l’enclos de la Trinité. — 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

C’était en 1790 la rue Saint-Michel ; depuis 1793 on la nomme rue des Arts (voir l’article Trinité, passage de la).


Arts-et-Métiers (conservatoire des).

Situé dans la rue Saint-Martin, aux nos 208 et 210. — 6e arrondissement, quartier Saint-Martin-des-Champs.

Le Conservatoire des Arts-et-Métiers occupant aujourd’hui une partie des bâtiments de Saint-Martin-des-Champs, nous tracerons ici l’origine de ce prieuré célèbre. Le culte de saint Martin fut en honneur dès les premiers temps de la monarchie. On portait sa chape à la tête des armées, et nos rois la regardaient comme l’étendard de la victoire. Ce saint personnage, vers 385, guérit, suivant la tradition, un lépreux dans la campagne près de la ville. Un oratoire construit avec quelques branches d’arbres consacra le souvenir de ce miracle. Cet oratoire, dont parle Grégoire de Tours en racontant l’incendie qui désola Paris en 586, a été sans doute l’origine du monastère de Saint-Martin-des-Champs. Dagobert, dans un diplôme de l’an 629, accorde une foire à l’abbaye de Saint-Denis, et en fixe le champ dans un lieu nommé le pas ou le pont Saint-Martin. Dans un autre diplôme de Childebert III, on lit : que ce champ de foire se trouvait entre les basiliques de Saint-Martin et de Saint-Laurent. Cette basilique qui avait succédé à l’oratoire primitif dont nous venons de parler, fut détruite par les Normands, ainsi que le prouve un diplôme de 1060, dans lequel Henri Ier, attestant sa ruine, promet de la réédifier. Ce prince plaça des chanoines séculiers à Saint-Martin-des-Champs. La construction de l’église fut terminée en 1067 ; cette année fut aussi l’époque de sa dédicace, son nom de Saint-Martin-des-Champs indiquait sa situation hors de la ville. Les maisons des vassaux du monastère peu à peu formèrent un village autour de l’église et de la demeure des chanoines.