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posée un peu plus haut que ce buste, on lit ces mots « Le Cid. — 1636. » Ce prodigieux génie, qui avait relevé si haut la majesté du cothurne quelques jours avant sa mort, descendait lentement cette rue et s’arrêtait devant l’échoppe d’un savetier pour faire raccommoder sa chaussure !… — Un courtisan, nommé Dangeau, qui s’était enrichi en fréquentant les brelans, ayant appris la mort de Corneille, tira négligemment son calepin de sa poche, crayonna quelques mots, puis bégaya ainsi l’oraison funèbre du grand poète : « Le bonhomme Corneille est mort hier ; il était un des plus habiles de notre temps à faire des comédies. »


Arras (rue d’).

Commence à la rue Saint-Victor, nos 89 et 91 ; finit à la rue et à l’impasse Clopin. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 156 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Un des côtés de cette voie publique bordait les murs de l’enceinte de Philippe-Auguste ; elle porta, en raison de cette situation, le nom de rue des Murs. Le collége d’Arras s’y étant établi en 1332, cette voie publique prit le nom de ce collége. — En 1515, on l’appelait indifféremment rue d’Arras, du Puits et du Champ-Gaillard ; ce dernier nom lui avait été donné parce qu’elle servait de réunion aux femmes débauchées. — Un acte du parlement, du 4 décembre 1555, parle de cette voie publique comme d’une rue affectée à la prostitution. — Une décision ministérielle en date du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Les maisons portant les nos 6 et 8, ainsi que les constructions dépendant de l’École-Polytechnique, ne sont pas soumises à retranchement. Les autres propriétés de ce côté devront reculer de 80 c. au plus. Les maisons du côté des numéros impairs sont assujetties à un retranchement qui n’excède pas 40 c. — Au no 4 était situé le collége d’Arras, fondé en 1330 par Nicolas le Cauderlier, abbé de Saint-Vaast d’Arras, pour quelques pauvres écoliers de cette ville. — Il fut d’abord établi dans la rue Chartière, puis transféré rue d’Arras en 1332. — On le réunit au collége Louis-le-Grand en 1763. — Les bâtiments du collége d’Arras devinrent, en 1790, propriétés nationales, et furent vendus les 9 et 29 germinal an II.


Arsenal (bibliothèque de l’).

Située dans la rue de Sully. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Avant de parler de cette collection intéressante en documents historiques et en littérature étrangère, il n’est pas inutile de tracer ici quelques lignes sur l’ancien Arsenal. — La ville de Paris possédait autrefois un arsenal particulier. On comptait anciennement, outre son hôtel, plusieurs emplacements qui servaient de dépôts d’armes et de munitions de guerre. — Son établissement le plus vaste était situé derrière le couvent des Célestins, dans une partie de terrain connu anciennement sous le nom de Champ-au-Plâtre. Le surplus de cet emplacement fut possédé par la ville jusqu’en 1533. À cette époque, François Ier ayant résolu de faire fondre des canons, emprunta une des granges qu’on y avait élevées. — Le roi demanda quelque temps après une seconde grange. — La ville ne la céda cette fois qu’avec répugnance. En effet, François Ier n’accorda aucun dédommagement. — Henri II construisit sur ce terrain plusieurs logements pour les officiers de l’artillerie, sept moulins à poudre, deux grandes halles et plusieurs autres bâtiments. Toutes ces constructions furent ruinées le 28 janvier 1562, par l’explosion de vingt milliers de poudre. — Henri IV ayant fait l’acquisition d’un vaste terrain appartenant aux Célestins, augmenta l’étendue de l’Arsenal, l’embellit d’un jardin, et fit planter le long de la rivière un mail qui fut détruit vers le milieu du siècle dernier.

Louis XIII et Louis XIV ajoutèrent quelques embellissements à l’Arsenal.

En 1713 on détruisit une grande partie des anciens bâtiments. En 1718 on éleva de nouvelles constructions sous la direction de l’architecte Germain Boffrand. — Édit portant suppression de l’Arsenal, de son gouvernement et de sa juridiction. — « Louis par la grâce de Dieu, etc… Le dessein de procurer du soulagement à nos peuples en appliquant aux dépenses de l’État les revenus ou le produit d’anciens établissements devenus inutiles, nous a déterminé à supprimer l’Arsenal de Paris près de notre château de la Bastille, ainsi que les offices militaires et de justice qui y sont attachés. Cet établissement, essentiel dans son origine, a cessé d’être nécessaire au moyen des fonderies, des forges et des manufactures d’armes et de poudre établies dans différentes provinces de notre royaume. — Par la réunion à notre personne de la charge de grand-maître et capitaine général de l’artillerie, les fonctions des officiers militaires et de justice sont restées sans objet ou ne sont plus relatives à l’institution des offices, etc. — À ces causes etc. — Art. 1er. Nous avons supprimé et supprimons dès maintenant et à toujours le gouverneur et grand-maître de l’Arsenal, le gouvernement, la garde ordinaire, etc… — Art. 5. Il sera incessamment et sans délai à la diligence du procureur du roi et de la ville de Paris, fait un état des terrains bâtiments et logements qui sont renfermés dans l’enclos dudit Arsenal, et tous les terrains et bâtiments et celui des fossés qui le bordent, seront divisés par plusieurs rues de largeur suffisante, formées dans la direction la plus utile et la plus convenable, conformément aux plans qui nous seront présentés et qui seront par nous agréés. Donné à Versailles, l’an de grâce 1788, et de notre règne le 14e, signé Louis. » (Voir les articles Greniers de réserve, rue de Sully, etc.)

Bibliothèque de l’Arsenal. — Le marquis de Paulmy d’Argenson, riche et aimant les livres, forma cette bibli-