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six corps marchands de Paris. Philippe-Auguste, en 1183, céda aux drapiers, moyennant 100 livres parisis de cens, vingt-quatre maisons confisquées sur des juifs. Ce prince leur donna en outre la Halle aux Draps. Ils en nommaient le garde, ainsi que les vingt-quatre courtiers et auneurs de Paris. Le corps de la draperie était composé autrefois de deux communautés distinctes, l’une des drapiers proprement dits, l’autre des drapiers-chaussetiers. La vanité et l’intérêt firent naître de longues querelles entre ces deux corporations qui se réconcilièrent en 1633. Les deux confréries, qui jusqu’alors avaient été séparées, se réunirent dans l’église de Sainte-Marie-Égyptienne. Le bureau de la draperie était situé dans la rue des Déchargeurs. Suivant la concession de messire Christophe Sanguin, prévôt des marchands, en date du 27 juin 1629, la draperie avait pour armoirie un navire d’argent à la bannière de France, en champ d’azur, un œil en chef, avec cette légende non spécifiée dans la concession ut cœteros dirigat, pour donner à entendre que ce corps avait le pas sur tous les autres. On n’était admis dans le corps des drapiers qu’après avoir fait un apprentissage de trois ans et servi pendant deux années comme garçon. Le brevet coûtait 300 livres ; la maîtrise 2 500 livres.

Les marchands de toiles, appelés autrefois tisserands, faisaient partie du corps des merciers. Leurs premiers statuts datent de 1586 sous Henri III. Ils ont été confirmés sous Henri IV et Louis XIII. Dans l’acte constitutif ils sont qualifiés maîtres tisserands en toiles, canevas, linge, etc… Les maîtres qui n’avaient pas atteint 50 ans, ne pouvaient avoir que deux apprentis ; ceux qui avaient passé cet âge pouvaient en prendre trois. L’apprentissage était de quatre ans ainsi que le compagnonnage. Le brevet coûtait 30 livres ; la maîtrise, 300.

Le vaste bâtiment de la halle aux draps et toiles, d’après ce qui subsiste encore de son ancienne construction, parait remonter à une époque très reculée et avoir été affecté à un autre usage. Cette halle a 122 m. de longueur sur 17 de largeur. Elle contenait dans le principe un rez-de-chaussée et un grenier au-dessus. Ce rez-de-chaussée était divisé en deux nefs par un rang de piliers formant des travées de planchers supportés par des poutres, le tout couvert à pan droit très élevé avec pignon en pointe aux deux extrémités. Vers l’année 1780, la halle dont il est question fut restaurée ; MM. Legrand et Molinos, architectes distingués, ont donné à cet ancien bâtiment un caractère monumental, en conservant toutefois son ancienne disposition, c’est-à-dire les murs de face et les piliers soulageant la portée des poutres. Le comble a été entièrement détruit et remplacé par un comble cintré construit en planches, selon le système de Philibert Delorme. Des travaux de consolidation et d’amélioration ont été exécutés de 1837 à 1838 sous la direction de M. Lahure, architecte.

Droit (école de).

Située place du Panthéon, no 8. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Depuis longtemps la science du droit ecclésiastique et du droit canon était enseignée dans la capitale, lorsque deux savants, Gilbert et Philippe Ponce, obtinrent, en 1384, l’autorisation de créer pour cet enseignement une école spéciale qu’ils placèrent dans une maison de la rue Saint-Jean-de-Beauvais, où depuis le célèbre imprimeur Robert Estienne établit ses ateliers.

Cette première école était uniquement destinée à des cours de droit-canon. Le pape Honorius, dans une bulle de 1216, avait défendu, sous les peines les plus sévères, l’étude du droit civil. Au XIVe siècle, cette prohibition était encore en vigueur, et les écoliers, pour étudier le droit civil, étaient obligés d’aller en province. Cependant, vers 1563 et 1565, le parlement permit à plusieurs légistes de professer à Paris le droit civil ; mais cette autorisation dut expirer à l’année 1572. Alors la défense fut maintenue avec une nouvelle rigueur. L’article 59 de l’ordonnance rendue à Blois en 1576, « fait défense à ceux de l’Université d’élire ou graduer en droit civil. »

De nouveaux statuts pour la faculté du droit canon furent publiés en 1600, sous Henri IV. On comptait six professeurs. Les articles 34 et 35 de ces statuts réglaient le cérémonial et la réception des docteurs. Le candidat était revêtu d’une longue robe d’écarlate, qu’on disait avoir servi au fameux Cujas. On lui présentait ensuite un livre fermé que l’on ouvrait aussitôt : par là, on indiquait que le candidat par l’assiduité de son travail, avait acquis la connaissance des canons. Après quoi le bonnet de docteur était placé sur sa tête. On lui passait au doigt un anneau d’or, puis les docteurs venaient l’embrasser.

Louis XIV ordonna, en 1679, le rétablissement de la chaire de droit romain, et vers 1680, il plaça un professeur de droit français dans chaque université. Ce professeur était nommé par le chancelier et portait le titre de professeur royal. Les autres chaires de la Faculté se donnaient au concours. Outre le professeur de droit français, il y en avait deux pour l’explication des Institutes de Justinien, un pour les Décrétales de Grégoire IX, un pour le décret de Gratien et deux autres pour le Digeste.

L’étude du droit durait trois années et se comptait par douze trimestres. Au commencement de chaque trimestre, les étudiants devaient se faire inscrire sur les registres de la Faculté et payer chaque inscription. Ceux de la première année étaient admis à subir un examen dit de baccalauréat au commencement d’août. Dans l’intervalle du baccalauréat à la licence, ils étaient forcés d’assister aux thèses et d’y soutenir des discussions. On obtenait le grade de docteur une année après celui de licencié.

Pendant la révolution les écoles de droit furent sus-