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Caumartin (rue de).

Commence à la rue Basse-du-Rempart, nos 58 et 60 ; finit à la rue Neuve-des-Mathurins, nos 55 et 57. Le dernier impair est 45 ; le dernier pair, 34. Sa longueur est de 315 m. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

Autorisée et dénommée par lettres-patentes du 3 juillet 1779, cette rue a été ouverte en avril 1780 sur les terrains appartenant à MM. Charles-Marin Delahaye, fermier-général, et André Aubert, architecte. La largeur assignée à ce percement était de 30 pieds (voyez Boudreau, rue). — La copie de la lettre du roi qui désigna M. de Caumartin à la place de prévôt des marchands mérite d’être rapportée. — « À nos chers et bien amés les prévôt des marchands et échevins, conseillers, quarteniers, dixainiers et cinquanteniers de notre bonne ville de Paris. De par le roi, très chers et bien amés, voulant pourvoir à ce que la charge de prévôt des marchands de notre bonne ville de Paris, que notre amé et féal le sieur de La Michodière, conseiller ordinaire en notre conseil d’État, exerce depuis plus de six ans d’une manière si digne de notre confiance, soit remplie par une personne qui puisse s’en acquitter avec le même zèle pour notre service, maintenir l’ordre et concourir à ce qui peut concerner l’avantage de notre ville, nous avons fait choix de notre amé et féal le sieur Lefebvre de Caumartin, conseiller en tous nos conseils, maître des requêtes honoraire de notre hôtel qui, dans toutes les charges et emplois dont il a été successivement revêtu et particulièrement dans les intendances de Metz et de Lille, nous a toujours donné des preuves de son zèle invariable pour notre service et de notre intention sur tout ce qui pouvait intéresser le bien public, nous désirons que dans l’assemblée qui doit être tenue au mois d’août 1778 pour procéder à l’élection du dit prévôt des marchands, vous ayez donner vos voix au dit sieur Lefebvre de Caumartin, afin que par vos suffrages et selon la forme accoutumée, il soit élu en la dite charge, si n’y faites faute, car tel est notre plaisir. Donné à Versailles le 16 mai 1778. Signé Louis. » — M. de Caumartin remplit l’importante fonction de prévôt des marchands jusqu’en 1784. — Une décision ministérielle du 22 plairial an V, signée Benezech, a maintenu la largeur fixée par les lettres-patentes. — Conduite d’eau depuis la rue Basse-du-Rempart jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Célestins (caserne des).

Située dans la rue du Petit-Musc, no  2. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Cette caserne occupe une partie des anciens bâtiments du couvent des Célestins, dont nous traçons ici l’origine. Saint Louis avait amené de la Palestine six religieux du Mont-Carmel, depuis connus sous le nom de Carmes et qu’on appelait alors les Barrés en raison de leurs manteaux rayés de noir et de blanc. Le roi donna d’abord il ces religieux un vaste terrain qui faisait partie du Champ-au-Plâtre. Ces moines ayant abandonné cet endroit pour aller à la place Maubert, vendirent l’emplacement qu’ils venaient de quitter à Jacques Marcel, bourgeois de Paris. Ce nouveau propriétaire fit bâtir sur ce terrain deux chapelles et les dota chacune de 20 livres de rentes amorties. L’acte de fondation fut approuvé le 1er juin 1319 par l’évêque de Paris. Le terrain et les deux chapelles passèrent à Garnier Marcel, fils du précédent, qui les donna aux Célestins par contrat du 10 novembre 1352. Ces moines étaient ainsi nommés parce qu’ils avaient été institués par le pape Célestin V. Touché de leur piété, le roi Charles V ordonna la construction d’une nouvelle église, dont il posa la première pierre, le 24 mars 1367. Guillaume de Melun, archevêque de Sens, qui consacra l’église, donna une image de saint Pierre en argent. Le jour de cette consécration le roi présenta à l’offrande une grande croix d’argent doré, et la reine une image de la Vierge, aussi d’argent doré. Les bienfaits du monarque et de son épouse leur firent donner le titre de fondateurs, et leurs statues, en pierre, ornèrent le portail de cette église. Les secrétaires du roi fondèrent dans cette église une confrérie dont ils étaient tous membres. Les Célestins furent exemptés de toutes contributions publiques, même des taxes que payait ordinairement le clergé. Charles VI, dans des lettres du 26 septembre 1413, en octroyant une certaine quantité de sel, les appelle nos biens amez chapelains et orateurs en Dieu, les religieux, prieur et couvent de nostre prieuré et monastère de Nostre-Dame des Célestins de Paris. — Ces religieux avaient en outre la jouissance d’une charge de secrétaire du roi.

Un nombre considérable de princes et de princesses avaient leur sépulture dans cette église. Parmi tous leurs fastueux mausolées, on distinguait une tombe modeste. Au-dessus était une urne toute petite et aussi simple que la tombe. Cette urne renfermait le cœur d’un enfant, duc de Valois, et portait cette épitaphe :

blandulus, eximius, pulcher, dulcissimus infans,
deliciæ matris, deliciæque patris,
hic situs est, teneris raptus Valesius annis,
ut rosa quæ subitis imbribus icta cadit.

Le cloître des Célestins, construit en 1539, était un des plus beaux de Paris. Le plafond de l’escalier, peint par Bon Boulogne, représentait l’apothéose du fondateur de l’ordre, Pierre Moron, enlevé dans les cieux par un groupe d’anges. Leur jardin spacieux et bien situé régnait le long des murs de l’Arsenal. Les Célestins furent supprimés en 1779. Les Cordeliers vinrent quelque temps les remplacer, mais on permit bientôt aux Célestins de rentrer dans leur couvent. Supprimée en 1790, cette maison devint propriété nationale. Les ouvrages