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Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers (voyez l’article Catherine, marché Sainte-). — Une décision ministérielle, du 13 fructidor an VII, signée Quinette, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Les maisons nos 1, 3, 5, 7, 9, 21, 21 bis, 23 ; 8, 10, 12, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52 et 54 sont alignées. — Portion d’égout du côté de la rue Neuve-Sainte-Catherine. — Conduite d’eau entre cette voie publique et la rue Saint-Antoine. — Éclairage au gaz (compes Parisienne et Lacarrière).

Cette rue fut en 1391 le théâtre d’un assassinat ; en voici la cause. Le duc d’Orléans, frère de Charles VI, était amoureux d’une juive qu’il allait souvent visiter secrètement. Pierre de Craon, seigneur de Sablé et de la Ferté-Bernard, son chambellan et son favori, eut l’indiscrétion d’avertir la duchesse de l’infidélité de son mari. Ce seigneur raconta non-seulement toute cette intrigue à la duchesse, mais encore il en amusa tous les courtisans. Le connétable de Clisson qui se trouvait parmi les auditeurs, rapporta de point en point toute la conversation de Craon au duc d’Orléans qui, irrité contre son favori, le chassa honteusement de sa maison. Pierre de Craon résolut de tirer vengeance du tort que le connétable lui avait fait dans l’esprit du duc son maître. La nuit du 13 au 14 juin 1391, Craon attendit le connétable dans la rue Culture-Sainte-Catherine ; le voyant passer suivi de deux domestiques, il fondit sur lui à la tête d’une vingtaine d’assassins. Clisson, qui n’avait pour toute arme qu’un simple coutelas, se défendit néanmoins avec vigueur, mais attaqué de tous côtés, et percé de trois coups d’épée, il tomba de cheval et donna de la tête dans une porte qui s’ouvrit. « La besogne est faite, dit alors Craon, allons-nous en, le connétable a été frappé de bon bras. » — Le bruit de cet assassinat parvint aussitôt aux oreilles du roi, qui allait se mettre au lit. Il se revêtit d’une houppelande ; on lui bouta ses souliers ès-pieds, et il courut à l’endroit où on disait que son connétable venait d’être occis. Charles VI le trouva baigné dans son sang, dans la boutique d’un boulanger. Le roi fit visiter les blessures qui heureusement se trouvèrent peu dangereuses. — « Connétable, lui dit-il, oncques chose ne fut telle, ni ne sera si fort amendée. » Trois des meurtriers furent pris et exécutés ; mais le plus coupable, Pierre de Craon, parvint à se réfugier auprès du duc de Bretagne. Son hôtel fut démoli et l’emplacement donné pour servir de cimetière à la paroisse Saint-Jean. Ce cimetière a été changé depuis en marché. À la prière du roi d’Angleterre, cet assassin obtint sa grâce en 1395.

Au no  23 on remarque l’hôtel de Carnavalet. Commencé par Bullant, continué par Du Cerceau, cet hôtel fut achevé par François Mansart. Madame de Sévigné et sa fille l’habitèrent quelques temps. On y admire les statues de la Force et de la Vigilance, dues au ciseau du célèbre Jean Goujon.

Les maisons portant les nos 25 et 27 ont été bâties sur l’emplacement du couvent des Annonciades célestes, dites Filles-Bleues. Ce couvent fut fondé par la marquise de Verneuil. Le roi autorisa cet établissement par lettres-patentes, enregistrées le 31 août 1623. Ces nouvelles religieuses achetèrent en 1626 l’hôtel de Dainville, moyennant 96,000 livres. Elles portaient un habit blanc, un manteau et un scapulaire bleus, ce qui leur avait fait donner le nom d’Annonciades célestes, et vulgairement celui de Filles-Bleues. On allait à l’église des Annonciades pour admirer le tableau du maître-autel, représentant une Annonciation peinte par le Poussin. Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 29 fructidor an IV.

Catherine (rue Neuve-Sainte-).

Commence aux rues du Val-Sainte-Catherine, no  23, et Saint-Louis, no  1er ; finit aux rues Pavée, no  24, et Payenne, no  2. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 193 m. — Les numéros impairs de 1 à 23 et tous les pairs sont du 8e arrondissement, quartier du Marais ; les constructions portant le no  25 dépendent du 7e arrondissement, quartier du Marché-Saint-Jean.

Elle faisait autrefois partie de la rue des Francs-Bourgeois, dont elle portait le nom. Vers la fin du XVIIIe siècle, elle prit la dénomination qu’elle conserve encore aujourd’hui, parce qu’elle longeait le couvent des chanoines réguliers de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers. — Une décision ministérielle, à la date du 23 ventôse an X, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 9 m. En vertu d’une ordonnance royale du 27 septembre 1826, cette largeur est portée à 10 m. Les constructions nos 25, 2 et 18 sont alignées. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Catherine (rue Sainte-).

Commence à la rue Saint-Thomas, nos 9 et 11 ; finit à la rue Saint-Dominique, nos 14 et 16. Le dernier impair est 1 bis ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 68 m. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

L’emplacement occupé aujourd’hui par cette voie publique faisait anciennement partie d’un clos de vignes appartenant aux Dominicains dits depuis Jacobins. Ces religieux obtinrent, le 18 mars 1546, des lettres-patentes de François Ier, qui leur permettaient d’aliéner ce terrain. La vente en fut faite en 1550, et la condition d’ouvrir plusieurs rues fut imposée aux acquéreurs. Celle qui nous occupe ne fut entièrement bordée de constructions qu’en 1588. Elle prit d’une enseigne le nom de Sainte-Catherine. — Une décision ministérielle à la date du 8 nivôse an XIII, signée Champagny, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les maisons situées sur le côté gauche sont alignées. Celles du côté opposé devront subir un retranchement de 1 m. 10 c.