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Les voici maintenant chez la reine, assises autour d’elle, par terre, sur des « coutes-pointes ». Elles sont coiffées de chapels de fleurs — un bandeau tissé d’or, « le cercelet d’orfroi », couronne le front de la reine. Reine et jeunes filles « ouvrent » des courtines, des aumônières ou des baudriers, en chantant des chansons qu’on appelle « de toile », parce qu’on les chantait en cousant.

Les grands-officiers font leur métier de serviteurs. Le sénéchal ordonne d’allumer le feu pour le repas, de mettre la table et de « corner le laver », c’est-à-dire d’annoncer à son de cor qu’il est temps de se laver les mains, le repas étant servi. Il découpe la viande du roi ; le repas achevé, il fait « torcher les escuelles ». Le connétable achète les chevaux du roi et tient propres ses écuries. Le bouteiller présente la coupe au roi et à la reine ; il a soin de leurs « bouteilles », et il garde les hanaps, afin que personne ne puisse les voler… que nus nes puet ambler.

Ces domestiques sont des ministres, la distinction n’étant point faite entre le service public et le service privé. Ils assistent le roi en