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Si donc M. Brentano croit que la troisième race de nos rois fut l’inventrice, par une grâce spéciale, d’un régime nouveau, il se trompe.




M. Brentano a raison de dire que le pouvoir royal a ses origines dans l’autorité paternelle ; mais il aurait dû ajouter que cette autorité n’est pas la source unique de ce pouvoir, car il procède aussi d’Israël et de Rome, de David et de César ; des invisibles et des impondérables se mêlaient et se confondaient en la mystique puissance de la royauté. Mais il importait, comme on verra par la suite, que le roi de M. Brentano fût un père de famille tout simplement.

En d’agréables pages, M. Brentano décrit le « ménage de la royauté ». Le roi, la reine et leurs enfants, leurs neveux et cousins – Messeigneurs du sang – et les domestici vivent ensemble dans l’intimité de la « mesnie du roi » ; et la reine tient ce grand ménage.

C’est une vie délicieuse. Les jeunes filles de la mesnie s’éveillent en « la chambre des pucelles ». Elles arrangent leurs cheveux à « la heaumière » avec des « branches de porcs-épics ».