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dants et de leurs délégués, et du Contrôleur général. La correspondance de Colbert, insistante, inquiète, rageuse quand il parle – et il ne se passe peut-être pas un jour sans qu’il en parle – de la répartition, de l’assiette, et de la collecte de la taille, proteste contre ce paradoxe : « Le roi ne se mêlait pas de la répartition et de la levée des impôts. » M. Brentano n’ignore pas ces faits, je pense ; il a voulu les ignorer ; la taille, qu’il nomme à peine, et l’intendant qu’il ne nomme pas plus souvent, le gênaient. Il les a escamotés. Passez, taille ! Intendant, passez !

« Les impôts une fois recueillis, poursuit M. Brentano, le souverain n’en disposait pas à son gré. Chaque recette avait son emploi déterminé. Le roi veut-il consacrer à des dépenses personnelles une partie des fonds qui ne doivent pas être mis à sa disposition, il se heurte à une foule d’obstacles, broussailles infranchissables, où il s’embarrasse et se perd : ce sont les Chambres des comptes qui font des remontrances, les Cours souveraines qui refusent d’enregistrer… »