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vers Meyerbeer, son premier protecteur en France et aussi en Allemagne, spécialement visé par lui dans cet écrit virulent, qui agita vivement le monde musical. Tous ces travaux ne suffisant pas à l’activité du Maître, il composa en même temps un drame intitulé Wleland le Forgeron, qu’il destinait à l’Opéra de Paris, en dépit du décourageant accueil qu’il y avait reçu à plusieurs reprises. Il l’y présenta, sur les conseils de Liszt, au commencement de 1850, et le nouveau refus qu’il essuya fut cause de désordres nerveux dans sa santé.

C’est dans le courant de 1850 que Wagner, retrouvant dans ses cartons Lohengrin qu’il y avait presque oublié, le recommanda à Liszt alors à Weimar. Liszt s’empressa de le monter pour les fêtes de l’anniversaire de Gœthe. L’œuvre eut un immense retentissement, bien qu’après la première représentation l’auteur dût autoriser, à contre-cœur, quelques coupures. Les critiques qui avaient été conviés de toutes parts s’en occupèrent dans un sens généralement favorable, et c’est de cette époque que date vraiment la renommée de Wagner en Allemagne. Lohengrin fut joué avec succès dans maintes villes les années suivantes.

Vers 1851, dans une lettre à son ami Rœckel, Wagner constate que sa célébrité se développe d’une façon inattendue, mais qu’il la doit à l’incompréhension du véritable esprit de ses œuvres, les artistes comme le public n’en voyant que le côté efféminé et n’en saisissant ni le caractère grandiose ni l’énergique passion. Deux ans plus tard, en écrivant au même, il se réjouit « de ne devoir plus travailler uniquement pour l’argent. Quoi que j’entreprenne ici (Zurich), jamais je ne fais payer (ce que je ne ferais d’ailleurs jamais, fussé-je privé de toute ressource), car faire de l’art pour de l’argent, c’est ce qui