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cien ; il se rend à Wurtzbourg près de son frère Albert, chanteur distingué, et, tout en remplissant les fonctions de chef des chœurs au théâtre de la ville, il compose, d’après une fable de Gozzi, le livret et la musique d’un opéra romantique, les Fées, qui contenait beaucoup de bonnes choses et était manifestement inspiré de Beethoven et de Weber. Des fragments en furent exécutés au théâtre de Wurtzbourg, puis l’ouvrage entier à Munich, en 1888. Le manuscrit devint plus tard la propriété du roi de Bavière.

C’est en 1834 que Wagner entendit pour la première fois Mme Schrœder-Devrient, dont le talent dramatique eut sur son génie une si puissante influence, en lui faisant comprendre quelle force pourrait avoir l’intime union du poème et de la musique. Bien plus tard, dans le courant de sa carrière, il disait d’elle : « Chaque fois que je compose un caractère, c’est elle que je vois. »

C’est à cette époque aussi qu’il commença à écrire son opéra la Défense d’aimer (intitulé aussi la Novice de Palerme, qu’il acheva en 1836, alors qu’il était directeur du théâtre de Magdebourg. Une seule exécution de cette œuvre (dans laquelle il abandonna tout à fait ses premiers modèles pour subir l’ascendant de la musique française et italienne) eut lieu précipitamment le même hiver, avant le licenciement de la troupe du théâtre ; depuis, après avoir causé mille ennuis à son auteur, elle ne fut jamais reprise.

En quittant Magdebourg, l’artiste, en proie à des embarras financiers, se rendit à Berlin, puis à Kœnigsberg, où il passa une année stérile et composa en tout une ouverture, Rule Britannia. C’est à Kœnigsberg qu’il épousa la cantatrice Minna Planner, à laquelle il s’était fiancé un an avant, à Magdebourg ; mais il avait dû ajourner son union faute d’argent pour se mettre en ménage.