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CHAPITRE VI

L’INTERPRÉTATION

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« Accommode l’action à la parole, la parole à l’action, en observant toujours avec soin de ne jamais dépasser les bornes du naturel ; car tout ce qui va au delà s’écarte du but de la scène, qui a été de tout temps et est encore maintenant de réfléchir la nature comme dans un miroir. »
Shakespeare.


On a vu dans la vie de Wagner à quel point lui répugnait la simple pensée de faire de l’art pour de l’argent. L’argent lui était pourtant nécessaire, indispensable même, pour la réalisation de ses vastes conceptions ; mais il ne l’ajamais considéré que comme un moyen, non comme un but.

Cette noble façon de comprendre le culte de l’art est devenue en quelque sorte la devise de la valeureuse phalange que recrute le Théâtre des Fêtes, chaque fois qu’il s’ouvre pour une série de représentations ; la caractéristique de tout artiste-interprète wagnérien, tel qu’on le trouve à Bayreuth (et seulement), c’est le désintéressement complet, l’abnégation de sa personnalité, aussi bien que de ses intérêts ; selon l’exemple donné par le Maître, il vient là n’ayant d’autre mobile que le pur désir de faire de l’art pour l’art. Aussi aucun, pas plus les chanteurs que les choristes, pas plus les instrumentistes que les assistants sur la scène, les répétiteurs ou les chefs d’orchestre, ne touche rien qui ressemble à un cachet ou